Le 17 février 2024, il y aura 60 ans que la Belgique et le Maroc ont signé un accord bilatéral de main d’œuvre. Les deux pays ont eu l’occasion de commémorer les quarante et ensuite les cinquante ans de cet accord en 2004 et 2014 respectivement. Compte-tenu de l’intensité des liens économiques, culturels et humains qui les unissent, il est tout naturel que l’opération soit renouvelée en 2024.
C’est dans ce contexte que s’inscrit le projet DIMOBEL-60ème. Il fait le choix de mettre l’accent sur les enjeux du futur et les besoins de renforcement de la coopération belgo-marocaine. Il part du constat que, malgré l’intensité des relations entre les deux pays, leur coopération économique reste sous-optimalisée et mérite donc d’être approfondie.
Le projet DIMOBEL cherche, plus spécifiquement, à mettre l’accent sur le soutien à l’entrepreneuriat dans la région de l’Oriental avec une attention particulière pour les initiatives des Belges au Maroc, des Marocains de Belgique, ainsi que des binationaux. Le projet porte en effet une attention centrale au rôle que les diasporas belge au Maroc et marocaine en Belgique peuvent apporter au développement territorial régional et au renforcement d’un corridor de coopération économique belgo-marocain.
De manière générale, l’importance économique des diasporas dans le monde n’est plus à démontrer. L’Inde, la Chine ou le Mexique apparaissent aujourd’hui comme des pays de référence au plan de leur capacité à mobiliser leur diaspora pour leur développement. Il ne s’agit plus simplement de questions de coopération pour le développement des pays émetteurs de migrants. Toutes les nations sont face à l’enjeu de s’adapter et de se positionner dans la globalisation tout en se projetant et préparant les coopérations internationales de demain.
L’activité des diasporas et l’entrepreneuriat par-delà les frontières sont importants pour des pays comme la Belgique et le Maroc. Avec 6 Millions de ressortissants à l’étranger, les Marocains forment la 10e plus grande diaspora dans le monde. En Belgique, ils sont majoritairement originaires des deux régions du Nord (L’Oriental et Tanger-Tétouan-Al Hoceima). Par ailleurs, plus de cinq cent mille Belges vivent à l’étranger et contribuent à la richesse d’autres nations (dont le Maroc). Le nombre de Belges à l’étranger est pratiquement équivalent au nombre de Marocains vivant en Belgique (400.000).
Au sein de l’espace euro-méditerranéen, les diasporas jouent incontestablement un rôle de pont entre les deux rives et de connecteur entre territoires. Pourtant, il est aussi admis qu’il existe une sous-optimalisation du rôle des communautés expatriées dans le co-développement. Dans son discours du 20 août 2022, SM le Roi Mohammed VI en avait fait le constat en ces termes :
« Ceci dit, nous devons nous poser en permanence les questions suivantes : qu’avons-nous fait pour renforcer le sentiment patriotique de nos immigrés ? Le cadre législatif en place et les politiques publiques tiennent-ils compte de leurs spécificités ? Les procédures administratives sont-elles adaptées à leurs attentes du moment? Leur avons-nous assuré l’encadrement religieux et éducatif nécessaire ? Leur avons-nous apporté l’accompagnement requis et les conditions favorables à la réussite de leurs projets d’investissement ? Certes, l’Etat déploie des efforts considérables afin de garantir un bon accueil aux Marocains du monde, mais ce dispositif demeure insuffisant. »
Cette analyse est documentée scientifiquement et implique de réfléchir aux obstacles qui entravent les dynamiques entrepreneuriales et les outils de coopérations économiques dans cet espace. L’occasion des 60 ans de l’accord bilatéral de main d’œuvre entre la Belgique et le Maroc offre une bonne occasion de réfléchir conjointement entre acteurs belges et marocains à ces questions dans le cadre particulier du corridor économique qui rassemble les deux pays.